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Chiens de garde

Le grand mouvement social qui traverse notre pays, et qui résiste à la casse de son système de retraite et à une décentralisation dangereuse de son système d’éducation nationale, suscite toujours les mêmes réactions de la part des conservateurs.

Grouillots du MEDEF, fantassins du capital, hoplites du libéralisme, accourent en première ligne pour morigéner ceux qui se mobilisent pour défendre leurs droits et leur dignité. Ces petits soldats au service d’un système que de plus en plus de citoyens rejettent, se trouvent dans la plupart des grands médias, transformés lors des mouvements sociaux, en radio-pouvoir ou en télé MEDEF (ah, l’image de ces quais de métro déserts et en surface l’automobiliste parisien qui fulmine en ouverture du 20h, on se croirait en 1995). On les trouve aussi dans les rangs de responsables de l’UMP.

Parmi eux, décernons la palme au député UMP Fromion qui n’y est pas allé de main morte, dans la presse locale 15 mai, avec les salariés mobilisés. Dans une déclaration, que le Berry républicain avait pris soin de mettre sur un fond coloré, le député du Cher pourfendait les fonctionnaires, au premier rang desquels les enseignants « aveuglés par leur refus du réel » ! (rappelons à l’agité compagnon que le 13 mai, dans la rue, il n’y avait pas que des profs, sa bête noire, qui manifestaient, mais aussi des policiers ou des salariés du privé à l’image des travailleurs de Michelin qui n’ont guère envie de fabriquer des pneus au delà de 60 ans ; on les comprend !). Gageons que Yves Fromion regarde trop TF1.

Prendre la défense de l’usager contre le méchant gréviste de l’Education nationale ou de la SNCF, relève d’une manoeuvre éculée, qui cache mal les véritables objectifs poursuivis : défendre les privilèges de la minorité qui dicte à la majorité ses choix économiques et politiques pour satisfaire sa recherche du profit et de la rentabilité maximum.

A cette clique politico-économico-médiatique, dédions cette revigorante conclusion de Serge HALIMI (Les nouveaux chiens de garde, Liber-Raisons d’agir, 1997) :

« Des médias de plus en plus présents, des journalistes de plus en plus dociles, une information de plus en plus médiocre. Longtemps, le désir de transformation sociale continuera de buter sur cet obstacle. Face à un parti non déclaré, à une oligarchie dont on ne doit rien attendre, mieux vaut rechercher et encourager les voix dissidentes, conscients du caractère irréversible de leur marginalité médiatique. S’il faut néanmoins tempérer la noirceur de ce bilan - qui tient lieu aussi de pronostic -, c’est uniquement en raison de l’échec de la propagande. La vie sociale résiste à l’écran, elle n’est pas virtuelle, elle informe souvent d’avantage que « l’information » sur les mécanismes du pouvoir et sur l’urgence du refus."

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