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Bourges, victime de la guerre économique

Lors de la réunion du Conseil municipal du 20 octobre consacré en grande partie aux orientations budgétaires, Jean-Michel Guérineau, leader de l’opposition municipale, est intervenu sur le contexte économique défavorable à l’emploi à Bourges et au territoire.

Monsieur le Maire, chers collègues.

Il y a un peu plus d’un an, je commençais mon intervention au Conseil Municipal en dénonçant le plan de restructuration mis en place à MBDA et qui se traduisait par la suppression de 240 emplois pour l’établissement de Bourges. Je peux d’ailleurs préciser aujourd’hui, ce plan étant mis en œuvre, que les menaces sur des suppressions supplémentaires ne sont pas éloignées et que, dans tous les cas, cette entreprise comptera fin 2006 moins de salariés que fin 1995 malgré les transferts de Châtillon et Salbris.

Aujourd’hui, il est impossible d’entamer le débat sur les orientations budgétaires sans parler des récentes annonces à propos de Michelin. La direction vient d’annoncer la suppression de 365 emplois sur les 815 existant sur le site Bourges/Saint-Doulchard. C’est un véritable scandale ! Parce que dans les deux cas, c’est sur l’autel du « Dieu dividende » que l’on sacrifie des hommes, des territoires pour l’augmentation éhontée des dividendes de quelques privilégiés. J’ai ici le tableau comparé du résultat net par action de Michelin et du dividende net par action. L’un, en jaune, est constamment positif mais subit des hauts et des bas, l’autre, en bleu, ne fait que progresser quelque soit la conjoncture ! Voilà les raisons et le résultat de la véritable guerre économique dont l’arrêt doit devenir une grande exigence de tous nos concitoyens.

C’est dans ce contexte que se place notre débat d’orientation budgétaire. C’est aussi dans un contexte national d’accroissement des inégalités. Et je regrette, à ce propos, que, contrairement à l’an passé, le rapport sur les inégalités sociales, joint obligatoirement désormais à celui sur les orientations budgétaires, soit davantage un panégyrique à votre action concernant le PRU qu’une véritable information sur la situation réelle de nos concitoyens.

Cette situation réelle, elle a été très bien résumée dans une note parue au cœur de l’été et reprise par un journal local : dans le Cher entre 2004 et 2006, le nombre d’allocataires du RMI a augmenté de 25%, dans le même temps, le nombre des assujettis à l’impôt sur la fortune a crû de 35%. Et on peut ajouter qu’un actif sur trois est pauvre ou en situation précaire dans le Cher. Voilà le contexte départemental et on peut penser que celui de Bourges est pire !

C’est le fruit d’une politique nationale, à l’orientation que chacun connaît, que vous avez participé un temps à mettre en œuvre comme membre du gouvernement et que vous soutenez ici. Je résume d’une formule : enrichir les riches et appauvrir les pauvres ! Et pour les classes moyennes, je reprendrai la formule d’un économiste de l’OFCE : « les classes moyennes n’auront que les miettes d’un festin réservé aux plus riches ». Ce contexte général, encore aggravé par le budget en discussion au Parlement, va se traduire par des difficultés de vie supplémentaires pour nos concitoyens et notamment pour ceux qui souffrent. C’est là que se situe la racine des difficultés des Berruyers, pas ailleurs.

Et il faudrait ajouter à cela la situation et les orientations prises en matière de soutien aux collectivités locales. Bourges et son bassin ont bénéficié de fonds très importants ces dernières années provenant de l’Europe, de l’Etat, de la Région, du Département (on le verra dans nombre de dossiers à l’ordre du jour ce soir) à travers des dispositifs aux noms barbares mais qui apportaient beaucoup (Ciadt, Cper, contrat de site, ...).

Cela a permis de garder un peu la tête hors de l’eau même si des choix contestables ont été faits dans l’utilisation de ces fonds. Mais comme l’a dit le Ministre Hortefeux, il y a dix jours lors des rencontres de l’aménagement du territoire « ce temps est révolu » ajoutant « La dimension européenne de l’aménagement du territoire est une véritable rupture avec le temps où il s’agissait avant tout de rééquilibrer la compétitivité des régions par rapport à Paris et l’Île de France ».

Quand on voit les conséquences de la loi du 13 août 2004, les annonces concernant les fonds européens, le prochain Contrat de Projet Etat-Région, les pôles de compétitivité (pour lesquels d’ailleurs vous avez fait la faute de ne pas vouloir vous engager dans la préparation et le dépôt d’un dossier), on ne peut que voir grandir l’inquiétude. Vous écrivez dans la délibération « L’environnement économique et fiscal du budget 2007 est modérément favorable », c’est un euphémisme ! Je dirai que malgré une situation financière rétablie par rapport au début des années 2000 (nous avons déjà débattu des raisons de ce rétablissement), le contexte reste plutôt particulièrement périlleux.

Face à cette situation fragilisée depuis plusieurs années, et aux détériorations qui se succèdent que faut-il faire ?

D’abord et à l’inverse du soutien et de l’acceptation de ces mesures libérales, je pense qu’il faut se lever, se battre et aider les forces vives et nos concitoyens à se mobiliser sur ces enjeux fondamentaux pour l’avenir de notre territoire.

Ensuite nous devons nous battre sur quelques lignes forces. Les élus communistes et républicains ont versé au débat des propositions en ce sens. Je veux en rappeler quelques unes.

D’abord la thématique de la maîtrise des risques. Je n’y reviens pas dans le détail mais il faut lui donner toute sa dimension nationale voire européenne. Cela passe notamment par le renforcement des compétences du Pôle « risques » l’exploration de nouvelles pistes de développement répondant aux nouveaux besoins ou ceux insuffisamment couverts. Dans le même temps, il faut pousser la candidature de Bourges pour accueillir tout ou partie de la force d’intervention rapide en cas de catastrophe naturelle, idée qui se travaille tant au niveau du gouvernement français qu’au plan européen.

Ensuite le développement des infrastructures C’est défendre et promouvoir la ligne ferrée Nantes-Lyon puis son débouché vers l’Est de l’Europe afin de montrer toute la pertinence de cette ligne tant pour le fret que pour le trafic voyageurs. Je rappelle qu’avec les élus communistes au Conseil Régional, nous faisons la proposition d’étudier dès maintenant le débouché à l’Est de la ligne Nantes-Lyon après l’électrification de la partie Tours-Vierzon qui est démarré et celle de Bourges-Saincaize qui devrait se réaliser dans le prochain contrat de projet. Nous proposons notamment d’organiser la desserte voyageurs par TGV sur la ligne transversale Nantes-Lyon et d’étudier l’itinéraire de la ligne Nevers-Chagny pour déboucher sur l’axe Dijon-Lyon. C’est une opportunité exceptionnelle pour Bourges ! C’est aussi l’interconnexion de la ligne Bourges-Vierzon-Paris au réseau TGV. Cela peut passer par la réactivation du POLT. Démarrer la liaison autoroutière ou à caractéristique autoroutière vers l’Est par le tronçon au départ de Bourges.

C’est aussi retrouver de l’ambition pour Bourges. Pour prendre l’exemple du sport, cela suppose d’engager collectivement une réflexion sur certains sujets (je pense à la situation du Bourges-Basket par exemple) et de ne pas écarter sans examen des projets qui peuvent être porteurs.

Enfin, c’est mettre les Berruyers en mouvement. Loin des sondages téléphoniques, c’est par l’association permanente de nos concitoyens aux projets, aux ambitions à porter qu’il faut remettre de la vie dans notre cité. Les Berruyères et les Berruyers veulent se battre pour leur avenir, ils ont des trésors de talent et d’énergie. Certes, ils veulent l’embellissement de leur ville (avec un budget de près de 130 Millions d’€uros, il peut se faire des choses) mais au delà ils veulent surtout pouvoir y travailler, s’y loger, s’y réaliser et contribuer à un vrai développement qui aille à l’inverse de la pente déclinante qui nous est promise. Cela nécessite écoute et véritable concertation qui tienne compte de ce qui est dit. Cela nécessite aussi un soutien accru à la vie associative, à l’expression de la vie citoyenne. Je pense que nous reviendrons sur certains de ces points à l’occasion des délibérations de ce conseil.

Dividende Michelin

Graphique du dividente net par action et du dividente net part du groupe/action de 1998 à 2004.

Dividende Michelin


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