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Entretien avec Jean-Michel Guérineau
20 octobre 2002
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Bourges pour Tous : Jean-Michel Guérineau, lors du dernier conseil municipal, au nom de lâopposition municipale, vous avez interpellé le Maire de Bourges sur la situation financière de la ville. Pourquoi ? Jean-Michel Guérineau : Depuis plusieurs mois, je BpT : Pourquoi qualifiez-vous la situation de si grave ? Jean-Michel Guérineau : Aujourdâhui, Bourges est en déclin. La perte dâhabitants se poursuit comme le montre la chute persistante des effectifs scolaires. La population vieillit. De plus on constate que rien dâimportant ne se passe dans notre ville. Quels projets, quelle impulsion en terme de développement économique ? Quelle mise en œuvre des projets structurants pour le développement urbain (on nâentend plus parler de lâaménagement du site de lâHôtel-Dieu, au Prado-Pré Doulet on assiste à recul sur recul, lâaménagement de nouvelles zones dâaccueil de constructions subit retards sur retards, la politique conduite en matière de logement social est, elle aussi, une fuite en avant tant financière quâurbanistique,…) ? La ville est aujourdâhui incapable dâengager les fonds prévus dans le cadre du contrat dâagglomération avec la Région. Seulement 7 Millions de Francs sur les 60 prévus ont été engagés alors que le contrat a dépassé la moitié de sa durée. De fait, les seuls projets porteurs dâavenir sont ceux que nous avons promus, soutenus, obtenus. Je pense aux décisions du CIADT(*), je pense au CREPS(*). Encore constate-t-on le peu dâentrain (pour ne pas dire plus) avec lequel le Maire de Bourges sâengage dans leur mise en œuvre ou leur accompagnement. BpT : Quelles sont les explications à ce déclin, comment en arrive t-on à une telle situation ? Jean-Michel Guérineau : Lâéquipe au pouvoir depuis 1995 gère sans prévision, au coup par coup. A quoi assiste-t-on ? 1/ La mise en œuvre de réalisations coûteuses qui peuvent embellir Bourges mais ne répondent en rien au nécessaire dynamisme dont a besoin la ville au plan économique et social. 2/ Une politique fiscale et de tarifs qui ne fait quâamplifier la tendance au déclin. Les augmentations successives et continues des taxes et des tarifs ont pour conséquence dâaugmenter la fuite des habitants vers la périphérie et au-delà. Au final, elles ont aussi pour conséquence lâaffaiblissement du service rendu, du service public. 3/ Une fuite en avant financière jamais connue qui conduit Bourges au bord du gouffre financier. Une pression fiscale qui atteint des niveaux tels quâelle est devenue insupportable. Un endettement à un niveau record dont on peut dire quâil devient endémique et étouffe peu à peu le budget municipal. Une imprévision voire une inconséquence dans lâengagement des projets, qui conduit à des équilibres budgétaires désormais introuvables. BpT : En cette fin dâannée 2002, alors que se prépare le budget 2003, quelle est la situation réelle de la ville ? Jean-Michel Guérineau : Le Maire de Bourges se trouve aujourdâhui dans une impasse budgétaire. Désormais les recettes de la ville ne permettent plus de payer lâensemble des dépenses, y compris le remboursement du capital de la dette dûe pour lâannée. La politique conduite depuis 7 ans par Monsieur Lepeltier a mis Bourges dans cette situation financière inédite et catastrophique. Le service public a été amoindri, les budgets de fonctionnement des services ont été drastiquement serrés, des actions utiles et réussies ont été abandonnées, les prélèvements sur les Berruyers nâont cessé dâaugmenter, la dette nâa cessé dâenfler. Tout cela pour aboutir à rendre impossible lâéquilibre budgétaire pour 2003. BpT : Mais alors, quelles sont les issues ? Jean-Michel Guérineau : Elles consistent, soit à diminuer les dépenses, soit à augmenter les recettes. Du côté des dépenses, quelles possibilités existent ? 1/ Renégocier la dette ? Pour une part cela a déjà dû être fait et les taux dâintérêt sont désormais moins intéressants. Par ailleurs, les Berruyers doivent savoir que les ratios financiers de leur ville sont tellement mauvais que les banques sont aujourdâhui réticentes à aider Bourges. 2/ Diminuer encore les dépenses de fonctionnement ? Câest le chemin montré par la note de cadrage budgétaire 2003(*) qui a circulé dans les services durant lâété en demandant une réduction de 14% des crédits de fonctionnement. Soyons clair, il ne sâagit plus de je ne sais quelles “ économies de bonne gestion ”, cela signifie la suppression pure et simple de services rendus aux Berruyers ou de services contribuant au développement et au rayonnement de Bourges. Pour ce qui est des recettes il faudrait augmenter encore les prélèvements sur les Berruyers. Le Maire nous a déjà conduit à des taux particulièrement élevés. Sauf à poursuivre jusquâà la déraison cette fuite en avant, câest impossible. Reste la mise en place de lâagglomération sur laquelle Monsieur Lepeltier compte beaucoup pour trouver une éventuelle porte de sortie. Chacun comprend mieux, alors pourquoi il existe de fortes réticences chez les communes partenaires pour sâengager. Bpt : Devant une telle situation, quelle doit être lâattitude de lâopposition municipale ? Jean-Michel Guérineau : Dâabord câest dâinformer, de faire en sorte que toute la lumière soit faîte et que ces problèmes soient largement débattus. Ensuite, nous serons vigilants avec les habitants de Bourges et de son agglomération, pour préserver les acquis de démocratie, de services publics, de gestion dâutilité sociale qui ont fait la force de notre ville pendant longtemps et qui sont aujourdâhui largement menacés et remis en cause. (*)Voir la note ci-dessous (*)CIADT : comité interministériel dâaménagement et développement du territoire. (*)CREPS : centre régional dâéducation physique et sportive.
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PCF Bourges
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