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Du coq à l’âne
23 octobre 2004




Philippe Gitton, Maire adjoint de Bourges à la culture, a endossé lors de la séance du conseil municipal du 22 octobre dernier, les habits trop grands pour lui, de spécialiste de géopolitique ! Qualifiant de « révolutionnaire » la politique d’urbanisme de la Ville de Bourges, il appela dans la discussion qui suivit, à la révolution à Cuba et en Corée du Nord, au nom de la lutte contre la dictature ! Nul ne sait si en matière de contorsion, Philippe Gitton s’inspire du cirque de Pékin (ville si chère à Jacques Chirac), mais passer d’un sujet sur l’urbanisme local à la politique internationale relève de l’exploit. Après avoir mené à bien le pharaonique plan de renouvellement urbain, l’adjoint berruyer à la culture ambitionne-t-il de jouer un rôle sur la scène internationale ? Fidel Castro et Kim Jong Il, peuvent trembler.

Plus sérieusement, les propos de Philippe Gitton relève d’une entreprise idéologique. Car en proclamant son aversion pour la dictature, M.Gitton, ne parle évidemment pas de celle des marchés financiers, du fric et des actionnaires, dont les conséquences humaines et sociales sont désastreuses pour les peuples. Non, cette dictature là, il en est l’un des soutiens politiques, un ardent supporter. Dans ses propos, Philippe Gitton fait un amalgame visant les élus communistes de Bourges, afin de les déstabiliser. Qui peut croire, à part Philippe Gitton, que les communistes en France rêvent d’un socialisme de caserne à la Nord coréenne ? L’existence de régimes économiquement libéraux mais politiquement dictatoriaux, comme l’Afrique du Sud au temps de l’apartheid, le Chili de Pinochet, l’Argentine de Videla, doit il conduire à mettre tous les libéraux dans la catégorie des partisans de la dictature ?

L’ignorance de Philippe Gitton des conditions historiques et politiques de chaque pays n’a d’égal que son aveuglement. Ne retenir de Cuba que ce qu’en véhiculent la plupart des médias est une tromperie. Ce pays, depuis plus de quarante ans, subit un embargo terrible, que l’administration étasunienne renforce sans cesse ; il connaît des attentats perpétrés par des Cubains de Miami soutenus par les Etats-Unis. Cette situation n’est pas étrangère aux difficultés économiques et politiques de ce pays.

Et pourtant, on ne meurt pas de faim à Cuba (même s’il y a des carences alimentaires), la mortalité infantile est une des plus basses d’Amérique latine (7 pour mille comme aux Etats-Unis), l’analphabétisme très faible. A Cuba, on ne tire pas au sort les bénéficiaires du vaccin contre la grippe comme aux Etats-Unis, pays dont le nombre de pauvres est quatre fois supérieur à celui du nombre d’habitants à Cuba. Ce pays développe même la recherche médicale et mène d’ambitieux programme d’éducation. Janette Habel, universitaire spécialiste de l’Amérique latine, notait dans un article du Monde diplomatique en juin dernier :

« Des avancées dans le domaine des biotechnologies vont permettre [à Cuba], d’aider le Nigeria et la Namibie à produire des médicaments contre le sida. En revanche, le gouvernement a réaffirmé avec force la finalité sociale de sa politique économique. Il fait de l’éducation une priorité nationale dont le budget est passé de 6,3 % en 1998 à 9,1 % des dépenses en 2003. Sept cents écoles ont été complètement rénovées puis équipées d’ordinateurs, des milliers d’enseignants ont été formés afin de ne pas dépasser vingt élèves par classe, 16 000 professeurs de beaux-arts se préparent dans des écoles spécialisées. La rénovation des hôpitaux devrait suivre. »

Quant à la situation politique, les atteintes aux droits de l’Homme et le manque de pluralisme politique, découlent des tensions avec les Etats-Unis qui tentent tout pour déstabiliser Cuba. Le seul camp de concentration connu à Cuba est celui de Guantanamo, sur une base étasunienne, où croupissent sans droits, des centaines de prisonniers.

Renvoyons pour finir M. Gitton, à la lecture de l’allocution de Christian Poncelet, Président UMP du Sénat, prononcée à l’occasion du départ de Paris, de M.Caballero Rodriguez, ambassadeur cubain en France, le 7 juillet dernier :

« Il y a la culture, qui nous rapproche, qui nous unit. Il y a aussi une même vision du monde, que Cubains et Français souhaitent multipolaire et respectueux de la diversité. La France et Cuba partagent un même souci de leur indépendance, sur laquelle nous veillons jalousement. »

L’indépendance des peuples, ça c’est révolutionnaire !

VOIR EN LIGNE : Solidarité avec Cuba