Lettre dâun grand père allemand à son petit-fils français
LA CONSTITUTION FRANCAISE DE LâEUROPE
Mon cher petit-fils,
Jâai été surpris de voir ton esprit civique à un âge où on se fout pas mal de pareilles billevesées. Jâai été encore plus surpris de mâapercevoir que tu avais déjà lââge dâaller voter. Tu veux que je lise pour toi cette énorme et confuse élucubration et que je tâen fasse un résumé assorti de conseils judicieux. Je lâai relue dans cette optique et je te fais grâce dâexplications détaillées. La présentation est un peu ringarde car, elle ignore superbement la norme AFNOR de numérotation des chapitres, titres et sous-titres. Le repérage est pénible. Câest donc une constitution française pour lâEurope. On y retrouve la « patte » de lâEcole Nationale dâAdministration, familière à tous les lecteurs du « JOURNAL OFFICIEL DE LA REPUBLIQUE FRANCAISE ». En lâoccurrence, câest précis comme lâanalyse dâun avion renifleur. On y retrouve une forme et une subtilité spirituelle déjà appréciés avec la législation sur lâinvention de lâavoir fiscal, sur lâimposition des plus values, et les réglementations catastrophiques sur le « regroupement familial », enfin tout ce quâun journaliste appelait avec humour « lâautoritarisme mou ». Comme dans nos lois inapplicables (littoral et SRU 2000, Etc....), le verbe pouvoir remplace le verbe devoir, ce qui permet aux décideurs une abstention légale et une inefficacité certaine. Là encore, le législateur laisse la décision aux hauts fonctionnaires et aux juges administratifs. Enfin, comme dans toutes les législations françaises, les dérogations abondamment prévues transforment les meilleures intentions en vux pieux parfaitement inutiles. Lorsquâil a fallu abandonner le droit régalien de « battre monnaie », on nâa pas eu besoin de constitution. Lâimpossibilité de faire tourner la planche à billets, pour boucher les trous du budget par des dévaluations, ne permet plus le déficit budgétaire programmé, ni la gestion sur une hypothétique croissance. Ignorant superbement cet incontournable postulat, la constitution imaginée par des Inspecteurs des Finances, entérine les mauvaises manières de la quatrième République, ressuscitées par François MITTERAND et poursuivies par les « blancs bonnets » qui ont succédé aux « bonnets blancs ». Les mêmes se retrouvent avec bonheur pour approuver des deux mains ce qui condamne le système. Que dire de cette phrase de lâarticle I - 16 (2) qui prévoit la nécessité dâune coopération loyale entre les rouages de cette organisation farfelue. Une coopération loyale ? Cela va sans dire et cela va encore mieux en ne le disant pas. On a vu ce que cela donnait pour accompagner la douteuse intervention américaine en IRAK. Quelle belle et loyale unanimité. Enfin, cerise suprême sur le gâteau, la procédure de révision semble inspirée par notre code de lâurbanisme au chapitre de la révision du Plan dâOccupation des Sols (le fameux P.O.S amoindri en P.L.U). Puisquâon peut la réviser, à quoi sert-elle si le suffrage universel nâintervient plus ? Le rêve dâune Europe centrée sur le fameux « noyau dur de base », se répandant comme une tache dâhuile destinée à sâétendre, en intensité, par lâunification des institutions, fiscales, économiques et sociales, ne se traduit pas dans ce verbiage vaseux. A vouloir tout prévoir, on sâenferme dans un carcan parfaitement irréaliste. Le plus étonnant câest de voir lâAllemagne avaler de telles couleuvres. Il est vrai quâengourdie dans une repentance obligatoire des jeunes générations pour les folies de leurs anciens, elle nâose plus rien dire. En lisant cette débauche de verbiage de la constitution française de lâEurope, on peut se remémorer lâaffiche de la propagande allemande de 1938 : Un balai « européen » dépoussiérait devant la porte en expulsant un coq bleu blanc rouge, courroucé, avec des livres et des journaux à la mode française. La légende : « Dehors le fatras français », est redevenue dâactualité. Il suffira de remplacer le nom dâun des journaux balayés par celui de « constitution française pour lâEurope », pour rajeunir lâaffiche. Mon cher petit fils, je nâai pas le droit de choisir pour toi. Je déplore que le vote « blanc » nâait pas de signification. Il serait si bon quâil corresponde, non à un refus total, mais à la réclamation dâun organigramme cohérent assurant le succès de lâapplication. Je vais donc, moi aussi, employer ce fameux verbe pouvoir.
Au OUI des vaincus on peut préférer le NON de la résistance.