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« LâIrak doit redevenir un Etat souverain »
28 avril 2003
Le représentant du Parti communiste irakien en France, Raïd Fahmi, était de passage à Bourges 26 avril, invité par les communistes locaux. Accompagné de Jacques Fath, responsable des questions internationales au Comité national du PCF, il a rencontré une soixantaine de personnes lors dâun débat à la salle de la bibliothèque des Gibjoncs, débat auquel participait Jean-Claude Sandrier, Député du Cher. Compte-rendu.
La victoire des Etats-Unis nâest pas une défaite du camp de la paix
Raïd Fahmi rappelle le poids extraordinaire de lâopinion mondiale contre la guerre qui a frappé son pays. Pour lui « lâopinion a bien compris les objectifs des Etats-Unis dans leur guerre contre lâIrak. Elle a aussi soulevé un grand nombre de problèmes non résolus dans le monde et au Moyen-Orient en particulier : la Palestine, le maîtrise des richesses, le remodelage et la domination du monde par les Etats-Unis ». Pour le représentant des communistes irakiens, lâinquiétude de lâopinion est forte concernant « les menaces qui pèsent sur lâONU, et la militarisation de la mondialisation capitaliste ». Se refusant dâinterpréter la victoire militaire états-unienne comme « une défaite du camp de la paix », Raïd Fahmi souligne plutôt les progrès de la conscience mondiale concernant les dysfonctionnements du monde, et les enjeux planétaires dâaujourdâhui. Pour Jacques Fath, « la seule réponse apportée par les puissants de ce monde à tous les enjeux soulevés par cette guerre, câest de se réunir à Evian pour un sommet du G8 en juin prochain ! »
Le mouvement anti-guerre doit encore soutenir le peuple Irakien
Contredisant le gouverneur Garner nommé par les Etats-Unis en Irak, qui a qualifié le conflit de « miséricordieux », Raïd Fahmi dénonce la guerre contre son peuple avec ses destructions, ses victimes.
Pour les communistes dâIrak, et pour le peuple irakien, la fin de la dictature est « un soulagement », voyant dans Saddam Hussein le principal responsable de lâinstallation durable des Etats-Unis dans la région. « Saddam Hussein après avoir été soutenu par les Etats-Unis lors de sa guerre contre lâIran, a par son attitude en 1991 permis leur implantation dans le Golfe quâils nâont pas quitté depuis la première guerre ». Mais si les Irakiens sont soulagés de la fin de Saddam Hussein, « ils nâacceptent pas lâoccupation états-unienne et le chaos, en partie voulu par lâadministration BUSH. » Dans le combat qui sâengage pour recouvrir leur souveraineté, « le peuple irakien a encore besoin du soutien de lâopinion mondiale, notamment pour mettre fin à lâembargo »
Lâavenir politique de lâIrak
La majorité des Irakiens réclament le départ des forces dâoccupation anglo-états-uniennes. Raïd Fahmi plaide pour un retour de lâONU, seule capable de créer le cadre dans lequel la reconstruction politique de lâIrak sera possible. « Il y a aujourdâhui vacance du pouvoir en Irak ; ce sont les comités locaux (dominés ici par des chiites, là par des anciens du parti Baas, ou encore par les chefs de tribus) qui exercent le pouvoir sur leur secteur. Il faut en finir avec cette vacance en organisant au plus vite un gouvernement provisoire pour combler ce vide, réunir lâopposition irakienne sans exlusive (ce que les Etats-Unis ne font pas). Seule lâONU peut assurer cette transition et permettre aux Irakiens dâêtre souverains. Après avoir organisé la transition, lâONU devra partir ». Ce que reprend Jacques Fath, en affirmant quâil « nây a pas dâautres moyens pour contrer lâunilatéralisme des Etats-Unis, que de favoriser lâONU ». En attendant, Raïd Fahmi réclame quâ« aucune décision concernant la maîtrise des richesses et lâorganisation économique de son pays ne doit être prise durant cette période ». Concernant les risques dâune partition du pays, Raïd Fahmi insiste sur la construction dâun Irak fédéral, comme le demande le PC irakien. « Le sentiment national est très fort en Irak : les chiites irakiens ont pendant la guerre contre lâIran, toujours défendu leur pays. Quant aux Kurdes irakiens, leurs partis ne réclament pas lâindépendance ». Enfin, répondant sur la montée dâun fondamentalisme religieux dans son pays, que beaucoup de médias ont cru déceler à lâoccasion du grand pèlerinage chiite à Kerbala, Raïd Fahmi reste optimiste. « Le pèlerinage a été dâabord lâoccasion pour les chiites de manifester leur foi après avoir été brimés pendant des décennies. Les Irakiens sont attachés à un Irak multiconfessionnel, respectueux des diverses religions qui composent le pays ».
La réunion sâest achevée, lâheure passant, alors que beaucoup de questions nâétaient pas épuisées. Accompagné de militants communistes, Raïd Fahmi a pu découvrir dans la soirée quelques aspects de la ville de Bourges et de son Printemps.