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RESISTANCE ANTI-CAPITALISTE
Le gouvernement veut privatiser EDF-GDF8 juin 2003
Décentralisation de lâécole républicaine, casse du système de retraites et bientôt de lâassurance maladie, les projets gouvernementaux entendent aussi sâattaquer au service public de lâénergie.
Etendre la sphère du profit aux services publics est lâobjectif de la droite. Sa politique est cohérente : favoriser partout, dans tous les domaines, la mainmise des marchés financiers sur des secteurs quâils ne contrôlaient pas en France, comme les retraites (avec lâintroduction et le développement des fonds de pension), lâéducation nationale (avec la privatisation à terme des services dâentretien et de restauration dans les régions et les départements qui ne pourront pas assurer la charge de ces services), lâassurance maladie (que le gouvernement prévoit de démanteler au profit des assurances privées). Ses projets sâétendent à lâénergie, avec lâexamen, au coeur de lâété bien sûr, du changement de statut dâEDF-GDF.
Nous reproduisons lâarticle de Pierre Agudo paru dans lâHumanité du 5 juin, à ce sujet.
Raffarin précipite la privatisation dâEDF-GDF
Le gouvernement a décidé dâexaminer, le 6 août prochain, en Conseil des ministres, son projet de loi sur le changement de statut dâEDF-GDF. La preuve quâil veut non seulement passer en force sur les retraites mais également privatiser les services publics.
dernier, alors que partout dans lâHexagone la contestation montait dâun cran contre le projet gouvernemental sur les retraites et la politique mise en ouvre dans lâéducation nationale, Jean-Pierre Raffarin faisait publier un démenti à propos de rumeurs faisant état dâun projet de loi sur lâouverture du capital dâEDF-GDF que le gouvernement sâapprêterait à examiner dans quelques semaines. La majorité de droite du Parlement pourrait ainsi engager le processus de privatisation des deux entreprises publiques bien avant la fin de lâannée.
Que valait la dénégation de Matignon ? Le document, dont nous publions aujourdâhui des extraits, montre que le premier ministre ment aux Français. Il ment également aux agents dâEDF et de GDF en disant quâils ne sont pas concernés par le projet Fillon sur les retraites, alors que le relevé des conclusions sur les retraites rejeté par la majorité des salariés des deux entreprises lors dâun référendum le 9 janvier dernier stipule bien que le régime spécial des retraites dâEDF-GDF évoluerait avec les modifications du régime général.
Le gouvernement Raffarin avait déjà prévenu que lâexamen au Parlement de lâouverture du capital dâEDF-GDF était prévu pour octobre 2003. Le texte visant à la fois le changement de statut et la modification du régime particulier des retraites des électriciens et des gaziers qui, on sâen souvient, avait donné lieu à de longues négociations lors du dernier trimestre de lâan dernier, mais aussi au rejet (un " non " à 55 %) par les agents des entreprises électriques et gazières du relevé des conclusions de ces négociations quâils considéraient comme une étape vers la privatisation. Une lucidité que les événements actuels confirment. Sâil y a quelques semaines la ministre déléguée à lâIndustrie, Nicole Fontaine, parlait de reporter à 2004 lâexamen dâun projet de loi visant à modifier le statut dâEDF-GDF, nous sommes en mesure dâaffirmer aujourdâhui que le premier ministre a décidé de maintenir cet examen pour la session parlementaire dâoctobre. Finalisé le 6 mai, le projet de loi vient dâêtre envoyé à plusieurs ministres par les services de Matignon, dont Nicole Fontaine et Francis Mer. Il doit être examiné par le Conseil dâÉtat à la mi-juin et est dâores et déjà à lâordre du jour du Conseil des ministres du... 6 août, sauf, bien sûr si, dâici là, le mouvement social qui dit non au projet Fillon-Raffarin sur les retraites contraint le gouvernement à modifier son calendrier.
On fera remarquer que dans le plan de marche de Raffarin qui, à lâissue du non des gaziers et des électriciens, avait affirmé, tout comme le ministre de lâÉconomie et des Finances, Francis Mer, que le relevé des conclusions sur les retraites, paraphé par les syndicats minoritaires à EDF-GDF (CFDT, CFE-CGC et CFTC et du côté patronal lâUnion française dâélectricité que préside Bernard Brun et lâUNEMIG), serait " mis en ouvre par des décisions gouvernementales... au plan législatif ". Bref, le gouvernement avait prévenu quâil passerait outre le refus des électriciens et des gaziers. Cette attitude se confirme, car des discussions sont en cours pour finaliser les modalités dâapplications de ce relevé des conclusions, dans le cadre de discussions avec lâAGIRC et lâARCCO. Selon nos informations ces discussions doivent sâachever le 25 juin.
Ce qui signifie en clair que, confronté au mouvement social, le gouvernement précipite son calendrier pour tenter de passer en force sur lâensemble de ses projets. Il veut en même temps régler avant la fin juin la modification du régime général des retraites en passant outre la contestation qui se manifeste par de nombreuses grèves et dans la rue, et également avant la fin juin faire éclater le régime spécial des retraites des électriciens et des gaziers. Sur la lancée, pressé aussi de faire rentrer de lâargent dans les caisses de lâÉtat, sans consultation préalable des élus de la nation, des syndicats et des usagers, il brade les " bijoux de famille " Le projet de loi indique clairement dans son article premier que " les établissements publics nationaux Électricité de France et Gaz de France sont transformés à compter du 31 décembre 2003 en sociétés anonymes régies, sauf disposition législative contraire, par les dispositions applicables aux sociétés commerciales ", même si pour un temps " la majorité du capital de ces sociétés est détenue directement ou indirectement par lâÉtat ".
Pierre Agudo