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Orientations budgétaires 2004

24 octobre 2003

par Jean-Michel Guérineau

Intervention liminaire de Jean-Michel Guérineau, Chef de file de l’opposition, au conseil municipal de Bourges du 24 octobre 2003, portant principalement sur les orientations budgétaires 2004.



Monsieur le Maire, chers collègues.

Monsieur le Maire, vous êtes en progrès ! En ce qui concerne le document support à la discussion des orientations budgétaires, vous êtes en progrès ! Je me souviens d’un temps où ce document se résumait à un recto énumérant des chiffres, souvent d’ailleurs très éloignés des véritables chiffres du budget primitif qui suivait en décembre (rappelons-nous l’augmentation de la Taxe des Ordures Ménagères en 1999). Aujourd’hui, nous avons affaire à un document de sept pages qui décrit quelles sont vos intentions pour 2004.

Avant d’en venir concrètement à ce document, je voudrai m’arrêter un moment sur le projet que vous qualifiez de « renouvellement urbain ».

Depuis septembre, vous avez renoué avec votre manie des grands projets ou plutôt avec votre manie des grandes annonces. Il y eut en son temps le parking Cujas, l’aménagement des rythmes scolaires, puis le grand projet de la ZAC du Prado, puis Avaricum et maintenant le projet de renouvellement urbain ! Avec, à chaque fois moult déploiement médiatique et moult effets d’annonce. Les Berruyers peuvent juger des résultats !

En fait, ce grand tapage vise à réaliser un véritable tour de passe-passe. En promettant la destruction de 2000 logements (en plus des 300 et quelques déjà abattus) et la reconstruction (bien hypothétique mais j’y reviendrai) de 1300 logements, vous ne faites qu’entériner la perte de plus de 3000 habitants enregistrée à Bourges en 10 ans, perte qui se poursuit. La crise économique et sociale du bassin d’emplois est passée par là mais ses effets ont été aggravés par votre politique de hausse des impôts, des taxes et des tarifs qui sont devenus un handicap majeur pour Bourges et son attractivité.

Monsieur le Maire, ces temps-ci, vous n’avez qu’un seul mot à la bouche : DEMOLITION. Vous êtes en train de devenir « Demolition Man » ! Vos pères et vos grands-pères n’avaient que construction rapide et béton comme perspective avec les excès que l’on connaît et que l’on paie aujourd’hui. Vous avez les mêmes excès concernant les démolitions. Dans les deux cas, et avec des conséquences dramatiques en ce qui concerne les démolitions, les grands absents de vos projets, ce sont les habitants. Faire le « bonheur des gens » à leur place, malgré eux, voire contre eux ... on sait où ça mène ! Ce dont souffrent les habitants de ces quartiers aujourd’hui, c’est de mal-être, de mal-vie, de manque de moyens pour vivre auxquels s’ajoute le désarroi provoqué par les annonces intempestives de démolition. Et, pour eux, la situation s’aggrave lourdement avec les mesures prises par votre gouvernement, mesures que vous soutenez, que vous votez sans la moindre retenue, mesures qui s’attaquent aux classes modestes et aux classes moyennes, aux services publics, à tout ce qui fonde un tant soit peu de solidarité. Détruire des bâtiments, casser du béton ne fera pas disparaître la misère, ne fera pas vivre mieux ceux qui tentent aujourd’hui de survivre dans la jungle libérale.

Si les habitants sont les « oubliés » de vos propos, les moyens financiers en sont les « éléments virtuels ». Que ce soit au plan national avec la loi Borloo ou que ce soit dans vos propos dans la presse locale, on n’évoque que des Millions d’€uros virtuels. Au mieux, ce sont des redéploiements de crédits, au pire ce sont de nouvelles ponctions sur les locataires des HLM. Pour ne pas entamer trop le temps du débat, je conclurai sur ce point par trois questions et une proposition. Les questions :
-  Comment ce projet va-t-il se préparer ? Quel groupe de conduite, quelle représentation des habitants, de leurs associations, de leurs élus ? Quelle place pour notre conseil Municipal ? Plutôt que de commander de nouvelles études, de nouveaux audits, allez vous vous décider à croiser l’avis des experts et des cabinets (qui ont déjà réalisé nombre d’études) et celui des habitants, de leurs représentants ? Si j’en crois la délibération sur le bilan de la concertation de la ZAC Avaricum, c’est mal parti !
-  Vous parlez beaucoup de démolition, mais quels projets de reconstruction existe-t-il ? Je veux le dire d’emblée, je n’ai pas d’avis préconçu sur les démolitions. La question n’est pas d’être pour ou contre, la question est de savoir si elles peuvent être utiles (et dans quelles proportions) et comment elles sont conduites. De ce que je sais des projets de l’Office HLM, il y a aujourd’hui en cours ou demandé la démolition de 774 logements pour des projets de construction de 267 logements (dont aucun dans les quartiers-Nord). Vous préparez vous à laisser de vastes no-man’s land à Bourges-Nord avec les conséquences que l’on peut d’ores et déjà prévoir ?
-  Où va l’Office HLM de la Ville de Bourges ? Il y a quelques mois, vous demandiez au Conseil Municipal d’accepter la transformation de l’Office Public en OPAC. Aujourd’hui c’est de rapprochement (fusion ?) avec la SA dont il s’agit. Savez vous bien vous-même où vous allez ?

Enfin, pour conclure sur ce point, j’en viens à ma proposition : organiser les Etats généraux du logement social à Bourges. Il s’agirait d’impliquer totalement les Berruyers (au premier rang desquels les locataires HLM) dans la préparation d’un réel projet de renouvellement urbain. En les réunissant par bâtiment, par cage d’escalier, ils sauront dire ce dont ils ont besoin, ils sauront être les experts qui indiqueront ce qu’il faut détruire, ce qu’il faut rénover, comment réorganiser le bâti, les équipements publics, les circulations. En croisant ces éléments avec les avis des techniciens, des élus, des associations, quelle richesse nous aurions, quel formidable projet nous bâtirions ! Je m’arrête là sur ce point, envisager cela avec vous, c’est du rêve !

J’en viens maintenant au document qui nous est proposé. Je passe sur le premier chapitre et sur les chiffres, j’y reviendrai en conclusion. Sans m’attarder sur chacun des points (mes collègues de l’opposition y reviendront), je veux simplement mettre en évidence quelques points. Concernant le chapitre 2 « Maîtrise de la conduite des projets ». Nous avons à mainte reprise sévèrement jugée votre gestion de la ville et particulièrement en matière de fiabilité dans la conduite des projets. Les échecs, les reculs, les retards d’un certain nombre de projets pourtant annoncés très hauts nous ont fait mettre en doute « une programmation d’investissements réaliste ... une coordination rigoureuse des processus de mise en œuvre des différentes étapes, en phase avec les engagements et les attentes émanant de la concertation, menée et à venir, avec les habitants et les usagers » Ouf, fin de citation ! Je note au passage que les mots « concertation » et « participation » émaillent les 7 pages de votre document et que le terme « usagers » remplace celui de « clients » dont vous vous étiez fait le chantre ! Au-delà des mots, qui se veulent rassurant, c’est d’actes dont les Berruyers ont besoin. Ces mots rassurants, pas plus qu’ils ne décrivent votre gestion passée, ils ne coïncident avec les propositions budgétaires qui les accompagnent, et je vous demande :
-  Y a-t-il plafonnement de l’endettement (à 1667 €uros soit près de 11000 Francs par habitant) quand le montant des emprunts prévus en 2004 passe de 14,9 à 26,7 Millions d’€uros (+79%) ?
-  Peut-on parler de stabilité fiscale quand on connaît les conséquences des décisions de votre gouvernement, quand on se rappelle vos hausses successives d’impôts et de taxes et quand on s’aperçoit que pour la première fois la ligne spécifique sur la TOM disparaît de votre tableau ?
-  Y a-t-il prévision réaliste quand vous envisagez de maintenir à niveau égal (donc en diminution en €uros constants) les frais de fonctionnement (déjà lourdement réduits en 2002 et 2003 avec les conséquences néfastes pour les services rendus aux Berruyers) ? Frais de fonctionnement qui comprennent, si je ne m’abuse, les frais de personnel. A ce sujet, je vous fais une demande solennelle : c’est que, lors des commissions municipales qui se réuniront avant le vote du budget en décembre, le budget de fonctionnement soit examiné secteur par secteur dans le détail avec les comparaisons sur 2003. Cet examen existait jusqu’en 1995, il a disparu depuis.

Enfin, dans vos perspectives pour 2004, je veux dire ma surprise de ne pas voir évoquer quelques uns des grands projets structurants pour notre ville avec par exemple :
-  Le dossier de la rocade Nord
-  La concrétisation du CREPS qui doit ouvrir à la rentrée 2004 et la prévision d’aménagement de son environnement
-  La poursuite de l’aide apportée à l’OPHLM qui s’achève avec 2003 (plan CGLS)
-  L’estimation du coût de fonctionnement engendré par la patinoire

En conclusion, tout en relativisant ce document des orientations budgétaires bien souvent contredit dans le passé par le budget lui-même, je dirai que les marges de manœuvre n’existent pas. L’endettement reste à son plus haut niveau, la pression fiscale est à un plafond insupportable pour nombre de Berruyers et représente un handicap pour l’attractivité de la ville, les moyens de fonctionnement sont restreints à un point tel qu’on peut parler aujourd’hui de défaut de service rendu aux Berruyers, enfin la situation économique et sociale, en grande partie aggravée par les décisions iniques du gouvernement que vous soutenez laisse planer de grandes inquiétudes pour les mois qui viennent.

En vous remerciant de votre attention, j’attends des réponses aux questions que j’ai posées et aux propositions que j’ai faites.

Jean-Michel Guérineau