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Non à la politique sécuritaire du gouvernement

25 novembre 2002

par Yannick Bedin

Répondant à l’invitation de la section de Bourges du PCF, Henri Malberg, animateur de la commission Justice au Conseil national du PCF, a animé pendant plus de deux heures et demi 22 novembre, une réunion de travail à laquelle participait les militants communistes du Cher. L’objet de cette rencontre était de faire le point sur les questions de sécurité, et sur les mesures gouvernementales en la matière.

« L’air du temps n’est pas bon »

D’emblée, Henri Malberg se livrait à quelques constatations sur l’évolution de l’insécurité, arguant notamment du fait qu’il n’y avait pas plus de crimes aujourd’hui qu’au début du XXème siècle. Ce qui a changé ajouta-t-il aussitôt, « c’est la montée en force de la précarité et de la mal vie, accompagnée d’un sentiment de peur et d’incertitude quant à l’avenir ». Peur du terrorisme et de la guerre, peur des immigrés, peur du chômage... « l’air du temps n’est pas bon ». Pour le responsable communiste, « plus l’espoir recule de changer le monde en même temps que recule la contestation du capitalisme, plus on va chercher chez son voisin les raisons de ses difficultés quotidiennes ». Le lien social se délite comme les solidarités dans les quartiers ou sur les lieux de travail. La disparition des grands bassins d’emplois industriels, « où se jouait l’intégration notamment des jeunes générations », est pour Henri Malberg une des données éclairante du problème. Et d’ajouter qu’aujourd’hui en France, « 10 millions de personnes dépendent des minimas sociaux ».

Une logique de la peur

Deuxième constat : la logique de peur est une logique politique. Utilisée par les Etats-Unis dans sa volonté d’organiser le monde, cette logique désigne des boucs-émissaires et pointe « un camp du mal et un camp du bien ». Cette logique de la guerre des cultures et des civilisations a des répercussions sur la vie intérieure des société, et de la nôtre, où les amalgames sont nombreux (notamment entre l’islamisme et le monde arabe). La peur est organisée à des fins politiques [voir le film Bowling for Columbine de Michael Moore, ndlr]. Ces logique alimentent le populisme : la montée de Le Pen le 21 avril dernier, les scores de l’extrême-droite en Europe, le montrent. La droite, en France et en Europe, s’en nourrit également. Pour Henri Malberg, « le gouvernement veut capter l’électorat de Le Pen sur le thème de l’insécurité. La politique sécuritaire de Sarkozy cherche à masquer aussi la politique de revanche sociale de Raffarin et de sa majorité ». Les menaces pesant sur les acquis sociaux, sur la santé, les services publics, illustrent parfaitement la régression sociale menée par le gouvernement. « Plus le gouvernement s’enfonce dans la régression sociale, plus il a besoin d’agiter la peur et de montrer qu’il agit sur la sécurité ». La loi Sarkozy, actuellement en discussion, « montre du doigt des catégories de la population (gens du voyage, prostitués, jeunes...) comme pour dire aux gens : voilà ceux qui sont la cause de vos difficultés ».

La réponse policière est insuffisante

Angéliques les communistes ? « Sûrement pas » rétorque Henri Malberg, qui demande la simple application des lois existantes, qui répondent aux situations que prétend résoudre le ministre de l’Intérieur. Et d’ajouter que « la réponse à l’insécurité ne peut pas être uniquement une réponse policière », et qu’ « il faut déployer toute une batterie de moyens, sur lesquels l’effort doit être mis : l’école, les services publics, la justice (avec notamment le maintien d’une justice spécifique pour les mineurs) ». La logique sécuritaire a cela de dangereux qu’elle « criminalise les rapports sociaux ». Pour Henri Malberg, ce qui ne faut pas faire vient encore des Etats-Unis, où la politique carcérale aboutit à mettre en prison 2 millions de personnes (ce qui rapporté à la France représenterait 500 000 prisonniers au lieu des 50000 aujourd’hui). L’avenir est donc bien dans « la contestation du système capitaliste, générateur d’injustices et d’inégalités, promoteur de l’argent facile comme modèle de société (auxquels adhèrent certains jeunes dans les quartiers sensibles) ». « Reconstruire l’espoir d’un changement de société » c’est la voie de l’avenir concluait Henri Malberg.

A noter : le PCF tiendra une conférence nationale le 14 décembre prochain sur « la crise de la politique, les populismes et l’extrême-droite

Yannick Bedin