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Joskin : fonds publics et casse sociale
7 juin 2003
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Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes pour le patron belge Victor Joskin : son usine dâassemblage de bennes agricoles avait trouvé au Subdray, commune de lâagglomération berruyère, un point dâattache accueillant. Lâaccueil fut en effet des plus chaleureux. Le Président du Conseil général, Rémy Pointereau, déclara lors de la pose de la première pierre de lâusine, aux côtés du préfet du Cher de lâépoque, Bernard TOMASINI, dâAlain RAFESTHAIN, président du Conseil régional, de M. de Bonneval, président du comité dâexpansion économique du Cher, de Daniel MARCHON, maire du Subdray, et de Victor JOSKIN, PDG du groupe en personne : "Je peux vous dire que vous avez fait le bon choix dâimplantation. Car vous êtes dans un département accueillant..." "Faire en sorte que vous puissiez produire dans les meilleures conditions et que vos personnels, collaborateurs puissent vivre dans un environnement de qualité, voilà les objectifs du Conseil général." "Merci, Monsieur JOSKIN pour votre dynamisme et votre choix judicieux." "Oui, câest un grand jour pour notre département..." Le choix dâimplantation, Victor Joskin lâa fait en fonction des millions dâaides publiques quâil a reçu pour installer son usine, en contrepartie de la création dâune centaine dâemplois. Dâemplois, Victor Joskin en a créé une quarantaine seulement. Produire dans les meilleures conditions ? Peut-être pour le patron, qui avec les aides publiques, devait empocher une manne financière conséquente. Câest vrai quâavec la suppression par le gouvernement Raffarin de la loi Hue sur le contrôle des fonds publics donnés aux entreprises, les conditions sont encore bien meilleures pour les patrons. Car pour les salariés de lâentreprise, câest autre chose. Un ouvrier de Joskin déclarait que le « nombre dâaccidents du travail était important dans lâentreprise du Subdray, que la ventilation ne fonctionnait pas dans lâatelier de soudure et que la mise en danger des ouvriers était permanente ». Câest pour avoir dénoncé ces conditions et avoir voulu exercer leur droits syndicaux, notamment la tenue dâélections de délégués du personnels, que six salariés font lâobjet dâune procédure de licenciement (officiellement pour manque de productivité). Victor Joskin, « homme dynamique » ? Câest vrai quâil a tout du patron énergique : le 23 mai, il devait forcer le barrage des salariés au volant dâun chariot élévateur, traînant lâun des ouvriers sur plusieurs mètres. Sa violence physique et verbale, manifestée à plusieurs reprises devant les employés de son usine, en dit long sur le personnage. La justice pour lâinstant sâest contentée de faire comparaître des salariés en référé, pour le blocage de lâusine : justice de classe qui juge dâabord les "atteintes à la propriété" avant celles sur la vie des personnes. Devant tant de complaisance des pouvoirs publics, il y a lieu dâexiger des comptes. Mettre en place des commissions de contrôle des fonds publics donnés aux entreprises, associant représentants des salariés et élus, poursuivre ceux qui nâhonoreraient pas leurs engagements et enfreindraient le droit du travail, voilà qui éviterait peut-être les situations du type Joskin (sans parler de Daewoo en Lorraine ou Métaleurop dans le Pas-de-Calais). On peut se féliciter quâAlain Fafesthain, Président du Conseil régional du Centre, ait décidé de demander des comptes au PDG sur les subventions publiques touchées de la Région (presse locale du 7/06/03). Mais pourquoi faut-il attendre quâun conflit éclate pour mettre son nez dans les affaires dâune entreprise montée avec des fonds publics, câest à dire nos impôts ? En attendant, de toutes nos forces, il faut soutenir les salariés de lâentreprises en lutte depuis le 22 mai. La solidarité est grande autour dâeux : collectes, visites aux piquets de grève, messages de soutien... Celle-ci doit encore sâamplifier pour les aider à tenir le coup et faire annuler les licenciements dont ils sont les victimes. Leur victoire sera un signe fort adressé à tous les patrons qui bafouent les droits élémentaires des salariés de leur entreprise et qui foulent du pied leur dignité.
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Yannick Bedin
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