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Le chantage américain
27 juin 2002
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Sâalignant sur les thèses de Sharon, le président américain a posé des conditions inacceptables par les Palestiniens, à lâétablissement dâun Etat palestinien. Il les somme, ni plus ni moins, de se débarrasser de Yasser Arafat et de lâAutorité palestinienne. Un discours accueilli avec une satisfaction non dissimulée en Israël. Jusque-là, George Bush sâinterdisait de franchir une certaine ligne blanche et sâen tenait à un semblant de neutralité. soir, dans un discours entièrement consacré au conflit israélo-palestinien, le président américain sâest invité dans les affaires intérieures du peuple palestinien en lui dictant ce quâil doit faire sâil veut aspirer dans un très proche avenir à la création de son Etat. " La paix, a-t-il dit, exige une nouvelle direction palestinienne, afin que puisse naître un Etat palestinien. Jâappelle le peuple palestinien à élire de nouveaux dirigeants, des dirigeants qui ne soient pas compromis avec le terrorisme. " Prévenant quâun " Etat palestinien ne sera jamais créé sur la base du terrorisme " mais " via des réformes ", réformes nécessitant " des institutions politiques et économiques entièrement nouvelles et fondées sur la démocratie, lâéconomie de marché et lâaction contre le terrorisme ". Et dâasséner : " Aujourdâhui, lâAssemblée législative palestinienne nâa pas dâautorité et le pouvoir est concentré entre les mains de quelques-uns qui nâont à répondre devant personne. " En clair, le président américain a posé des conditions draconiennes à lâétablissement dâun Etat palestinien. Des conditions quâils justifient par le fait " quâaujourdâhui, les autorités palestiniennes encouragent et ne sâopposent pas au terrorisme ". Jouant sur la détresse des Palestiniens et leur aspiration à la paix, il les somme en fait à jeter par-dessus bord Yasser Arafat et les institutions provisoires quâils se sont données. Certes, il a affirmé que " sa vision est celle de deux Etats, vivant côte à côte, en paix et en sécurité ". Mais, la tonalité et les lignes de force de son intervention épousent globalement les thèses développées par Ariel Sharon depuis son arrivée au pouvoir. Dâabord, Bush nâa pas mentionné les accords dâOslo, ni le plan de paix adopté par la Ligue des Etats arabes à Beyrouth en février dernier, signant de fait leur arrêt de mort. Ensuite, il a repris à son compte les exigences de Sharon qui sâest, à maintes fois, prononcé contre toutes négociations avec les Palestiniens tant quâYasser Arafat demeurera le président de lâAutorité palestinienne. Pis, la direction palestinienne est accusée dâêtre dénuée de toute autorité et dâêtre minée par la corruption. En clair, elle est, aux yeux de Washington, illégitime. En direction dâIsraël, le président américain a estimé que lâEtat hébreu avait " un grand intérêt au succès dâune Palestine démocratique ", assurant quâ " une occupation permanente menace lâidentité et la démocratie dâIsraël " et quâ " un Etat palestinien stable et paisible est nécessaire pour parvenir à la sécurité à laquelle Israël aspire ". Bush lui demande notamment que " prennent fin les activités israéliennes de colonies de peuplement dans les territoires occupés ". Enfin, il a ajouté que " lâoccupation israélienne qui a commencé en 1967 sâachèvera dans le cadre global négocié entre les deux parties, sur la base des résolutions 242 et 338 de lâONU, avec un retrait israélien derrière des frontières sûres et reconnues ". Sur le statut définitif de Jérusalem, George Bush est resté prudent, se contentant dâaffirmer quâil faudra résoudre cette question. " Ce discours du président Bush aurait pu être rédigé par un responsable du Likoud ", sâest félicité, sans rire, Reuven Rivlin, ministre des Télécommunications et considéré comme un proche de Sharon. Tandis que ce dernier, conforté dans ses positions par le discours américain, a renchéri, estimant que " ce nâest quâaprès la cessation totale du terrorisme (...) et lorsque lâAutorité palestinienne procédera à de véritables réformes incluant une nouvelle direction à sa tête (...) quâil sera possible de discuter de la manière de progresser dans la voie politique ". Côté palestinien, câest bien sûr la déception qui lâemporte, et ce, même si les responsables de lâAutorité palestinienne ont réagi de manière prudente. " Je ne pense pas que la déclaration de M. Bush appelant à une nouvelle direction est acceptable, a indiqué Saëb Erakat, sur la chaîne de télévision CNN. " Câest aux Palestiniens de choisir leur dirigeant. Bush et le monde doivent respecter le choix du peuple palestinien. " La direction palestinienne, pour sa part, sâest contentée de réagir par un bref communiqué dâune tonalité prudente, dans lequel elle a affirmé quâelle accueillait " favorablement les idées proposées par M. Bush qui peuvent contribuer sérieusement à relancer le processus de paix ". Quant au Hamas, qui par sa politique dâattentats ciblant des civils israéliens, apparaît dans cette situation complexe, comme un allié objectif de Sharon, il a, sans surprise, rejeté lâappel de Bush et menacé de lancer une " opération massive " contre Israël. En visite en Palestine, le ministre des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, qui doit rencontrer le président Arafat, a indiqué que " le discours du président Bush converge avec les intérêts de la France et de lâUnion européenne : quâil sâagisse de la lutte contre le terrorisme, de lâarrêt de la colonisation et de la fin de lâoccupation ". Mais en estimant, à propos des élections qui doivent avoir lieu en janvier prochain dans les territoires occupés que " câest aux Palestiniens seuls quâil revient de choisir leurs dirigeants ". Même position exprimée par Londres, qui pour une fois, ne sâest pas totalement alignée sur la position américaine concernant tout particulièrement Yasser Arafat. Enfin, dans le monde arabe, lâEgypte et la Jordanie ont accueilli favorablement le discours du président américain et se déclarent, chacun de son côté, disposés à ouvrer à lâétablissement dâun Etat palestinien. Toutefois, les deux pays ne se sont pas exprimés sur lâappel de Bush en faveur dâun changement de la direction palestinienne. Sans doute attendent-ils dâen savoir plus à lâoccasion de la visite que doit effectuer Colin Powell dans la région. En attendant, si le président américain sâest déclaré favorable à lâétablissement dâun Etat palestinien, il est peu probable que les Palestiniens donnent suite à son appel en faisant battre, par exemple, le président Arafat lors des prochaines élections législatives et présidentielle dans les territoires occupés. Et si dâaventure, Arafat est réélu - câest ce qui est de lâordre du probable -, quelle sera la position américaine ? Voilà une donnée que ne semble pas avoir pris en compte le gendarme américain. Hassane Zerrouky [LâHumanié]
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PCF Bourges
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