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Commémoration du 60eme anniversaire de la Libération
Hommage aux 150 communistes du Cher morts pour la France
8 septembre 2004
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Mesdames, Messieurs, chers amis, chers camarades, Marcel et René Cherrier, Roland Champenier, Georges Rousseau, Léo Mérigot, Suzanne Labertonnière, Angèle Chevrin, Louis Chevrin, Zélia Duchesne, Julien Giraud, André Giraudon, Louis Buvat, Albert Kaiser, Gabriel Dordain, Louis Gatignon, Raymonde et Louis Lamodière, Romain Bardin, André Laloue, Henry Diaz, Pierre Ferdonnet, Maurice Renaudat, Fernand Micouraud, ... et beaucoup, beaucoup dâautres. Ce sont les noms de communistes qui se sont levés contre le fascisme, la barbarie nazie, pour la liberté de notre peuple et lui permettre de construire un monde plus juste, plus humain, plus fraternel. Car tous rêvaient dâune libération nationale et dâun nouveau progrès social et démocratique. Certains lâont payé de leur vie ; leurs noms sont sur cette stèle. Dâautres nous ont quitté au fil des années. Dâautres, enfin, sont parmi nous et témoignent jour après jour de leur engagement, de leur engagement de communiste.
Certes, la légende est tenace qui veut que les communistes ne soient entrés en résistance quâaprès lâentrée en guerre de lâUnion Soviétique. Câest une injure à tous ces communistes arrêtés, emprisonnés, fusillés pour certains, entre juin 40 et juin 41, pour actes de résistance, confirmés en décembre 40 par le préfet du Cher déclarant que « le PCF dans le Cher est la seule organisation politique faisant preuve dâune activité qui ne soit pas individuelle et isolée ». Il faut sans doute bien évoquer cette période pour comprendre et se permettre de juger. Dans « Avant lâoubli ... Résistance » mon père écrit sur cette période de fin 40 début 41 : « La vie sâécoulait bercée par la presse de Vichy et par Radio-Paris. En dehors des cireurs de bottes de Pétain, il y avait les nouvelles des bombardements de Londres, de même que les arrestations de communistes et les premières exécutions. La plupart des gens étaient sans réactions, certains même applaudissaient à ces évènements. Lâesprit de la Résistance ne devait naître que progressivement, dâabord chez un petit nombre ». Et je tiens à le répéter, dans ce petit nombre, il y avait un grand nombre de communistes. Nous pensons que pour ces raisons, il a été rendu un hommage marqué, lors des cérémonies de la libération de Paris à ces grands communistes : Henri Rol-Tanguy, chef des FFI dâIle de France, André Tollet et Charles Tillon. Nous sommes fiers de cette juste reconnaissance. Mais la résistance, cela a été aussi le Conseil National de la Résistance et sa création par Jean Moulin le 27 mai 1943. Les communistes se sont battus comme dâautres, avec dâautres, pour lâunion de la résistance. La création du CNR le symbolisait mais au-delà, avec lâétablissement dâun programme économique, social, politique, le CNR avait le souci de jeter les bases dâune société nouvelle, plus juste, plus solidaire. La création de la sécurité sociale, une retraite décente, la création dâentreprises publiques performantes, le renforcement des droits des salariés dans lâentreprise, lâaccès à la culture pour tous, etc... figurent au programme du CNR. Tout cela a été possible dans un pays exsangue et on vient nous expliquer aujourdâhui que, dans un pays et un monde plus riches, nous aurions moins de moyens pour nous soigner, quâil faudrait travailler plus longtemps, cotiser plus et avec un salaire bloqué, que nous nâaurions plus les moyens dâavoir des services publics ! Bien sûr, tout cela est faux ! Mais il y a une chose qui est vraie : câest quâon ne peut pas assurer un emploi à tout le monde, une assurance maladie égale pour tous, une retraite décente, des services publics de qualité, des salaires corrects si lâon accepte comme seul objectif économique que le rendement des actions dépasse les 15 à 20%.
Ce que fait subir aujourdâhui à notre pays la politique du gouvernement et du Medef, câest un double recul : un recul social et un recul moral ; un recul des valeurs dâégalité, de solidarité, de respect des êtres humains. Disons le tout net : on ne peut pas aujourdâhui glorifier la résistance et mettre successivement en cause tous les acquis du programme quâelle avait établi ! Oui ! Respecter la résistance, ces hommes et ces femmes qui ont redonné ses couleurs à notre pays, câest sâopposer à ceux qui veulent « solder lâhéritage ». Leur rester fidèle, câest aussi empêcher demain que ne ressurgisse la bête immonde dont on sait quâelle progresse et a progressé sur le terreau des inégalités, des injustices, du chômage, de la précarité, des frustrations de toute sorte développant racisme, xénophobie, fanatisme. Aucune logique économique, fusse-t-elle celle du marché, ne peut justifier cette fuite en avant dâune guerre économique que certains camouflent sous le terme de mondialisation et qui crée des déséquilibres portant en germes de nouvelles atrocités. Aujourdâhui, comme hier, les communistes répondent présents pour combattre lâinjustice, pour défendre la dignité humaine contre les agressions économiques et sociales inacceptables de cette société que fort justement le professeur Jacquard appelle « la société barbare ». Nous en appelons à tous mais en premier lieu aux jeunes pour quâils reprennent nombreux le flambeau que nos anciens ont porté haut et dont la flamme était celle de la justice sociale, de la solidarité, du respect de lâautre. Oui, câest aux jeunes de relayer ce combat pour écrire une nouvelle page dâhistoire marquée par de nouvelles avancées sociales, par la paix. Le PCF est là, comme il a été là tout au long de son histoire dans notre pays, pour contribuer à ce progrès. Enfin, je voudrais confirmer ma demande auprès du Ministre délégué aux Anciens Combattants afin que soit décernée la Légion dâHonneur à tous les anciens résistants afin de ne pas attendre quâune poignée atteigne 100 ans pour leur donner. Ce geste de reconnaissance revêtirait ainsi une autre valeur. Jâemprunterai ma conclusion à ce grand homme de théâtre allemand remis en lumière cette année au festival dâAvignon, Bertold Brecht : « Aussi longtemps que lâon dira « Toi ou moi » et non « Toi et moi », aussi longtemps quâil sâagira non de progresser mais de devancer les autres, aussi longtemps il y aura la guerre ».
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Jean-Claude Sandrier
PCF Bourges
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