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projet de Constitution européenne
Des arguments pour le NON
11 février 2005
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Le PCF répond, point par point, aux principaux arguments développés par les partisans du OUI. « La victoire du Non ouvrirait une crise majeure »:La crise ? Elle est déjà là. Qui pourrait avancer que lâEurope va bien quand lâabstention atteint de tels niveaux partout sur le continent ? Quand les nationalismes et les populismes prospèrent ? Quand le chômage et la précarité sâenracinent ? Or quâest-ce qui produit tout cela ? Lâaccumulation des choix libéraux, lâopacité de lâaction européenne. « Lâultralibéralisme, nous le subissons depuis plus de vingt ans. »La Constitution ne propose pas de tourner le dos à ces choix : au contraire, elle les confirme et leur donne la valeur dâun principe constitutionnel. La Constitution appliquée, câest la crise étendue. Dire « non » est la seule façon de marquer un coup dâarrêt et, enfin, de discuter et de renégocier sur dâautres bases. Le « non » ne résout pas les problèmes des couches populaires. Il est vrai que ce nâest pas en rompant avec lâEurope que lâon résoudra les problèmes des couches populaires. Mais on ne les résoudra certainement pas en maintenant lâEurope dans le cap qui est le sien depuis longtemps. Pour que lâEurope aide à avancer dans la bonne direction, il faut quâelle soit sérieusement réorientée. Répondre « non » à la Constitution libérale, câest la seule manière de dire que lâon veut que lâEurope fonctionne bien, câest-à-dire franchement autrement. Si lâon parvenait à faire grandir cette idée, ce serait un bol dâair pour les luttes sociales, et donc un souffle vivifiant pour lâEurope tout entière. Câest le « oui » ou câest le traité de Nice. De toute façon, le traité de Nice fonctionnera au moins jusquâen 2006, et même au-delà pour nombre de ses décisions. Nous avons donc le temps de remettre lâouvrage sur le métier. Nous devons sortir du carcan dâAmsterdam, de Nice et de Lisbonne. Mais nous pouvons le faire par le haut et pas par le bas. « Référendum sur le projet de traité constitutionnel : A partir de ce que nous disent les partisans du Oui, des arguments pour débattre ».La paix Autrefois, Napoléon III clamait haut et fort : « lâEmpire câest la paix ! » et il nâa cessé de faire la guerre. La Constitution parle de paix, mais elle fait de la course aux armements un objectif (I-41-3) et explique que la politique de défense européenne doit être « compatible » avec les objectifs de lâOtan (I-41.2). Si lâon veut la paix, câest le contraire quâil faut faire : réduire les armements et sortir de lâOtan. Un progrès de la démocratie ? La Convention Giscard a fonctionné comme un petit club de super-décideurs, où seuls les grands partis (PS, UMP) avaient voix au chapitre. À quel moment le débat a-t-il pris lâallure dâune controverse citoyenne ? Quand les grandes options ont-elles été débattues avec les citoyens ? Jamais. Comment voulez-vous que la Constitution elle-même soit démocratique dans ces conditions. Elle prévoit certes dâautoriser les citoyens à pétitionner « pour soumettre une proposition appropriée » à la Commission européenne ; mais celle-ci nâest pas obligée dây répondre ! Le Parlement obtient certes dâélire le Président de la Commission, mais il continue de ne pas avoir lâinitiative des lois. Il se prononce sur les dépenses, mais pas sur les recettes. Au total, quelle est lâinstitution la plus importante ? La Commission, comme maintenant : elle a lâinitiative des lois (I- 26.2), elle exerce « les fonctions de coordination, dâexécution et de gestion », elle contrôle les coopérations renforcées. Bref, un super-gouvernement pour protéger « le marché intérieur où la concurrence est libre et non faussée ». La Constitution, câest le Canada-dry de la démocratie. Rien à voir avec le libéralisme ? Câest une plaisanterie ! Le but de lâUnion est le « marché intérieur où la concurrence est libre et non faussée » (I-3.2). La répétition du terme à soixante-quatre reprises nous fait comprendre, sâil le fallait encore, que lâ« établissement » et le « fonctionnement » de ce marché intérieur sont décidément le grand oeuvre de lâUnion. Le véritable objectif est « la libre circulation des personnes, des services, des marchandises et des capitaux » (I-4.1). Toute entorse à son exercice relève au mieux de la « dérogation » : les aides publiques sont ainsi strictement réglementées et tenues pour provisoires. Tout État ou groupe dâÉtats qui sâessaierait à contredire le sacro-saint principe libéral se verrait rétorquer que « la Constitution et le droit adopté par les institutions de lâUnion (...) priment le droit des États » (I-6). Théoriquement, le principe des « coopérations renforcées » confirme la possibilité pour certains pays de se regrouper afin dâagir de façon spécifique dans le cadre de lâUnion. Mais ces coopérations sont strictement contrôlées par la Commission et placées sous la tutelle du Conseil qui « décide en dernier ressort » (I-44.2). De plus, 4 5 6 elles ne peuvent porter sur aucune des compétences dites « exclusives » de lâUnion, câest-à-dire... les douanes, le marché intérieur et les politiques commerciale et monétaire ! Les pays qui le voudront nâauront pas le loisir dâéchapper aux contraintes du carcan libéral. En tout cas, la Constitution le leur interdit expressément : « [les coopérations renforcées] ne peuvent porter atteinte au marché intérieur » (III-416). Les services publics valorisés ? Câest le contraire qui apparaît dans le texte. En retrait sur le pourtant désastreux traité de Nice, la Constitution nâinscrit les services publics ni dans les « valeurs » de lâUnion, ni dans ses « objectifs ». Dilué dans la notion vague de « service dâintérêt économique général », le service public relève de la pratique dérogatoire : il est « soumis aux règles de la concurrence » (III- 166-2) et toute aide décidée en sa faveur est considérée comme « incompatible avec le marché intérieur » (III-167-1). La libéralisation est officiellement la norme légitime sur le continent européen : « les États membres sâefforcent de procéder à la libéralisation des services au-delà de la mesure qui est obligatoire (...) si la situation économique générale (...) le permet. » (III-148). La maîtrise des dépenses publiques. Il nây a pas si longtemps des responsables européens très sérieux parlaient de la « stupidité » du Pacte de stabilité. La remarque est bien oubliée. Le pacte de stabilité, qui limite le déficit public, est entériné : les États membres et lâUnion assurent « le respect des principes directeurs suivants : prix stables, finances publiques et conditions monétaires saines, et balance des paiements stable » (III-177). Le monétarisme constitutif des politiques néolibérales est légitimé, avec ses conséquences principales : la réduction des dépenses publiques et la modération salariale. Il est placé sous le strict contrôle dâune Banque centrale européenne (BCE) définitivement dégagée de tout contrôle politique (III-188). La BCE ne se voit assigner aucun objectif de croissance et dâemploi et toute politique nationale de relance par la création monétaire sera impossible (III-183). Le circuit financier reste ainsi le seul régulateur reconnu de lâéconomie. Les droits des femmes et lâégalité homme/femme ? La constitution libérale pousse à plus de concurrence entre les individus. Or, dans tous les Etats de lâUnion précarité, flexibilité se conjuguent dâabord au féminin. Le chômage touche en priorité les femmes. Sur 30% de retraitées qui sont au dessous du seuil de pauvreté, 80% sont des femmes. Toutes les mesures visant à allonger les temps de cotisations les frappent de plein fouet. Du coté de leurs droits fondamentaux, pas un mot dans la Constitution sur le droit dâaccès à la contraception, sur lâIVG. Rien concernant les violences faites aux femmes, rien sur la parité permettant aux femmes de participer à égalité aux instances de décisions. 7 8 9 Libre circulation des individus parlons-en ! Parmi les grands principes énoncés dans le projet de Constitution, la libre circulation des hommes et des femmes figure en bonne place. Mais toutes les dispositions qui sâappliquent à leurs droits et à leur protection tirent vers le bas. Rejet de toute harmonisation sociale, rejet de toute reconnaissance de citoyenneté pour les ressortissants de pays tiers hors Union, instauration aux frontières de lâUnion de véritables zones de rétention pour les migrants. Parler de droits pour tous, il nâen est pas question. Des avancées sociales ? La Charte des droits adoptée en 2000 avait été critiquée pour son flou et la faiblesse des protections quâelle garantissait au monde du travail. Elle aurait dû être renégociée, de façon plus démocratique ; là voilà confirmée par son inscription dans la Constitution. La définition des droits est lapidaire. Pas de référence au « droit au travail », auquel se réfère le Préambule de la Constitution française : ici nâest affirmé que le très ambigu « droit de travailler » II-75.1), assorti de la non moins rocambolesque « liberté de chercher un emploi » (II-75.2). Le droit du travail, son statut, sa durée, les conditions de rémunération ? Rien. La garantie par la puissance publique de la protection sociale ? Lâarticle II-94 se contente dâaffirmer le « droit dâaccès aux prestations de sécurité sociale et aux services sociaux », sans préciser bien sûr si cet accès relève de la solidarité ou de lâassurantiel. Le droit au logement ? À la rigueur le droit « à une aide au logement ». Ces droits minimaux sont dâautant moins contraignants quâils sont en pratique contredits par le reste du texte. Tout est placé dans le cadre dâune stricte concurrence où les politiques publiques sont corsetées par le pacte de stabilité et où les « services dâintérêt économique général » sont soumis aux règles de la concurrence. La mise en oeuvre des droits nâest soumise à aucune obligation dûment constatée : leur « haut niveau » proclamé reste sur le papier. Au total, lâadoption de la Charte « ne crée aucune compétence ni aucune nouvelle tâche pour lâUnion » (II-111.2). Les articles de la partie II ne peuvent même pas être invoquées devant une Cour de justice (II-112.5). LâEurope sociale est un pur ectoplasme. directive Bolkestein et projet de Constitution européenne les partisans du OUI à la constitution européenne et la directive Bolkestein Post-scriptum : Francis WURTZ, Député européen, Président du Groupe Gauche unitaire/Gauche verte nordique (GUE/GVN) au Parlement européen, sera à Vierzon le 11 mars, 18h30, salle Madeleine Sologne.
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