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UNEDIC. Les salariés paieront plus et les chômeurs toucheront moins... Lâaddition des vagues de licenciements leur est présentée.
2 janvier 2003
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Les chômeurs paient la note Lâaccord signé par le patronat, la CFDT, la CFTC et la CGC pour sortir de la crise financière réduit considérablement les droits des chômeurs. Une fois de plus, les chômeurs vont payer la facture, comme sâils étaient responsables de la situation économique, de la dégradation de lâemploi, des licenciements et de la précarité. Lâaccord signé dans la nuit de à entre le patronat, la CFDT, la CFTC, et la CFE-CGC pour rétablir en trois ans lâéquilibre financier de lâUNEDIC ampute considérablement les droits à lâindemnisation des demandeurs dâemploi. Lâéquation était simple. · conditions inchangées, le régime dâassurance-chômage aurait enregistré, fin 2005, 15 milliards dâeuros de déficit cumulé. Face à cette crise sans précédent, les négociateurs patronaux et syndicaux pouvaient jouer sur deux variables : les recettes - câest-à-dire les cotisations, sachant quâun point de cotisation représente à lui seul 3,75 milliards dâeuros - et/ou les dépenses, câest-à-dire les prestations versées aux chômeurs. Les signataires ont beau se féliciter dâun accord " équilibré ", câest bien la seconde voie qui a été privilégiée. Le taux de cotisation au régime dâassurance-chômage passe de 5,80 % à 6,40 %, soit 0,6 point supplémentaire, qui rapportera 6,75 milliards dâeuros sur trois ans. De quoi combler le représentant du MEDEF, Denis Gautier-Sauvagnac, qui, en prélude à la négociation, avait prié pour une hausse " modérée, modérée, modérée ". Son mandat est dâautant mieux rempli que la hausse est strictement répartie entre la part patronale et la part salariés, qui augmentent de 0,3 point chacune. Selon le chiffrage de lâUNEDIC, les employeurs contribuent pour 25 % seulement au redressement financier du régime. Les salariés en emploi apportent la même contribution. Les 50 % restants sont à la charge des salariés sans emploi : 6,58 milliards dâeuros dâéconomies vont être réalisés en trois ans sur les allocations chômage. Le négociateur CFDT Michel Jalmain souligne, rassurant, que deux mesures ont été écartées : dâune part, le retour à la dégressivité des allocations, souhaité par le patronat ; de lâautre, la baisse du taux de remplacement, qui détermine le montant de lâallocation (57,4 % du salaire brut antérieur). Certes. Mais les mesures prises, si elles sont différentes, nâen sont pas moins drastiques. Lâaccord prévoit une baisse des allocations de 1,8 % pour tous les chômeurs, puisque leur cotisation au régime de retraite complémentaire va passer de 1,2 à 3 % de lâallocation. En juin dernier déjà, face au déficit, les " partenaires " sociaux avaient rogné le pouvoir dâachat des demandeurs dâemploi, puisque lâaugmentation prévue de 2,4 % des allocations avait été rabaissée à 1,5 %. Mais lâaccord puise lâessentiel des économies dans la refonte des " filières " dâindemnisation. Les filières déterminent les durées dâindemnisation des demandeurs dâemploi en fonction de leurs périodes dâactivité avant de tomber au chômage, avec des conditions particulières pour les chômeurs âgés. Actuellement, il en existe huit (voir ci-contre), lâaccord prévoit de les fondre en quatre, avec un durcissement des conditions dâaccès à lâallocation et une réduction des durées dâindemnisation. Toutes les catégories de chômeurs sont touchées. En volume, la filière 5 est la plus touchée, puisquâelle regroupe 840 000 chômeurs (soit plus dâun sur deux), qui vont passer de 30 à 23 mois de droits. Par ailleurs, les chômeurs de plus de 55 ans pouvaient toucher une allocation pendant 5 ans (filière 8). Désormais, cette possibilité est restreinte aux chômeurs de plus de 57 ans, pour trois ans et demi dâallocation seulement. Les chômeurs de plus de 50 ans des filières 6 et 7 passent de 45 à 36 mois de droits. Dans le collimateur également, les salariés précaires et les jeunes qui entrent sur le marché du travail. Ces catégories de salariés accèdent difficilement à lâindemnisation. Depuis 1982, il fallait avoir travaillé 4 mois dans les 8 derniers pour ouvrir des droits (4 mois dâallocation), ce qui mettait la barre très haut. La convention signée en 2000 a assoupli la règle (4 mois travaillés dans les 18 derniers), ce qui a permis à ces chômeurs dâêtre mieux couverts par le régime. Lâaccord de les exclut de nouveau : il exige au minimum 6 mois dâactivité dans les 22 derniers mois pour ouvrir des droits. Dâaprès la CFDT, la CFTC et la CGC, il sâagit ainsi de dissuader les entreprises de recourir à des contrats courts, car ce serait à cause de la couverture chômage quâelles se permettraient dâabuser de la précarité. On croit rêver. Depuis vingt ans, lâexplosion de la précarité sâest faite alors que les précaires étaient très peu indemnisés. Au contraire, réduire les droits de ces chômeurs les pousse à rabaisser leurs exigences et à accepter des emplois dégradés, notamment précaires, que proposent les employeurs. La réduction de lâindemnisation nourrit la précarité. Les signataires utilisent le même argument pour les salariés âgés : limiter leurs droits aurait pour finalité de limiter les abus des entreprises qui se servent de lâUNEDIC comme caisse de préretraite pour leurs salariés âgés. " Mais il nây a pas que des départs arrangés, a souligné Jean-Claude Quentin, négociateur de Force ouvrière. Le salarié de 56 ans victime dâune liquidation judiciaire ne sera pas couvert jusquâà 60 ans. Cela me pose problème. " A partir du 1er janvier 2003, les chômeurs entrant dans le régime seront soumis à ces nouvelles règles. Pour ceux qui sont en cours dâindemnisation, deux cas de figure. Ceux qui appartiennent aux filières 6 à 8 (chômeurs de plus de 50 ans) conservent leurs droits acquis. Pour eux, rien ne bouge. Mais ceux des filières 1 à 5 basculeront dans le nouveau système au 1er janvier 2004, dans un an. Ils arriveront alors plus rapidement en fin de droits. Jean-Claude Quentin a estimé que ce basculement entraînerait " une baisse très importante du taux de couverture ". Selon lui, 250 000 à 300 000 chômeurs seraient éjectés du système. Ils toucheraient alors, au mieux, les allocations de lâEtat (ASS ou RMI), de 400 euros par mois. Câest lâ" effort partagé ". Peut-être faut-il chercher lâéquilibre de lâaccord du côté du petit bonus pour les chômeurs que la CGC se félicite dâavoir obtenu : le différé dâindemnisation est ramené de 8 à 7 jours. Mais Jean-Claude Quentin a vendu la mèche : " En juin dernier, ils avaient décidé le passage de 7 à 8 jours de différé. Depuis, je répétais que câest une disposition illégale, non conforme au code de sécurité sociale européenne. Le MEDEF sâest rendu à la raison. On revient donc à 7 jours. " FO nâa donc pas signé, réservant sa décision, qui devrait être arrêtée aujourdâhui en bureau confédéral. matin, les signataires, pour leur part, nâétaient pas triomphants, mais satisfaits. Juste après la signature du texte, matin, Denis Gautier-Sauvagnac (MEDEF) loue des mesures " courageuses ". " Cet accord préserve le régime dâassurance-chômage et lâintérêt des demandeurs dâemploi ", commente Michel Jalmain de la CFDT, qui estime que la convention maintient " de bonnes conditions dâindemnisation ". " Ce nâest pas de gaieté de cour que nous avons pris ces mesures ", embraye Jean-Marc Icard de la CFE-CGC, contrit, mais épaulé par Michel Coquillion : " La première façon de défendre les demandeurs dâemploi, câest dâassurer la pérennité de lâassurance chômage. Lâhistoire est faite par les gens qui savent prendre leurs responsabilités, pas par ceux qui critiquent toujours. " Non signataire, la CGT dénonce un accord " ficelé à lâavance ", qui fait porter lâessentiel de la charge financière sur les chômeurs, " déjà victimes de la dégradation du marché du travail et déjà mal indemnisés ". " Le patronat sâen tire à bon compte. Pour nous, câest aux entrepreneurs de payer les dégâts de leur gestion ", rappelle Jacqueline Lazarre, qui propose un élargissement de lâassiette de la cotisation en fonction de la valeur ajoutée et une pénalisation des entreprises qui abusent de la précarité. " Nous allons demander aux pouvoirs publics de ne pas agréer cette convention et dâouvrir une grande négociation interprofessionnelle sur lâemploi. " Fanny Doumayrou |
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