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Intervention au dernier Conseil municipal sur le compte administratif 2003
27 juin 2003








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Monsieur le Maire, chers collègues.

Huit ans ! Il aura fallu attendre huit ans pour vous entendre déclarer « Le temps est venu de changer Bourges ». Huit années qui correspondent à une sorte d’immobilisme quant à l’équipement de notre ville puisqu’en fait, le premier équipement à proprement parler municipal sort juste de terre, après les vicissitudes que l’on sait : j’ai cité la patinoire. Et encore, sa gestion et son exploitation vont-elles être totalement livrées au privé, à une société commerciale, avec les conséquences néfastes au plan du caractère social de cet équipement que l’on devine.

En fait, depuis huit ans vous avez déjà participé à changer le visage de Bourges. En 1995, vous avez hérité d’une ville bien équipée, à la gestion sociale et humaine, avec des projets notables de développement. Vos huit années de gestion se traduisent par la disparition de structures ou d’actions reconnues, par la mise en place d’aucune structure importante dont vous ayez la responsabilité directe, par une sorte d’abandon des quartiers, de leur équipement, par une pression fiscale accrue qui a atteint les limites du supportable et contribue au départ des habitants, par des retards accumulés concernant les projets forts (développement économique, site de Lahitolle, investissements majeurs comme le centre culturel de la Chancellerie par exemple).

Aujourd’hui la situation de Bourges est d’une extrême fragilité. Cette fragilité avait été mise en évidence par le cabinet d’études CODRA, il y a trois ans, lors de la révision du schéma directeur de l’agglomération. Elle est aujourd’hui confirmée par l’étude « Diagnostic du bassin d’emploi de Bourges » commandée par le Ministère de la Défense et réalisée par le cabinet Quatalyse-Quaternaire. Je cite : « La démographie. Le potentiel humain du bassin de Bourges reste important mais est en légère diminution et surtout en voie de vieillissement et de réduction rapide et brutale ».

Cette fragilité se trouve accrue par les mesures annoncées ces dernières semaines concernant l’économie et l’emploi.

Pour décrire la situation économique du bassin d’emplois de Bourges, je parlerai de véritable catastrophe et de nouveau traumatisme pour les Berruyers. En quelques mois, c’est à la réalisation ou à l’annonce de la suppression de centaines d’emplois que nous assistons ici.

Je ne serai pas exhaustif mais quand même :
-  Giat-Industries avec ses 322 suppressions d’emplois mais aussi, en cascade, les conséquences néfastes pour des centaines d’emplois induits.
-  Weimberg, IFC, l’imprimerie du Berry-Républicain, Majuscule, le service comptabilité de Carrefour-Champion, Uniroute, Info-Mobile, plus récemment Michelin avec 164 emplois supprimés,...
-  A cela, il convient d’ajouter le retour au chômage pour des dizaines de jeunes en fin de contrat « emploi-jeunes », les suppressions de postes dans les entreprises publiques, dans les services publics et dans la fonction publique.

Contrairement à ce que certains peuvent dire, cette situation n’est pas fatale, elle ne provient pas d’une espèce de loi de la nature, loi qui serait immuable. Dans cette situation, le Gouvernement que vous soutenez, porte une lourde responsabilité :
-  Par des décisions directes concernant les services publics, les entreprises publiques, la fin du dispositif des emplois-jeunes
-  Par ses orientations fiscales et budgétaires dont le sens est unique (inique), renforçant les cadeaux aux plus riches qui stérilisent l’argent dans la spéculation en même temps qu’elles augmentent les ponctions pour les plus petits qui tentent de consommer et bien souvent de simplement survivre
-  Par l’ouverture de la boîte de Pandore des licenciements en supprimant les articles anti-licenciements de la loi de modernisation sociale et la loi sur le contrôle des fonds publics accordés aux entreprises.

Ici, à Bourges, cette situation est aggravée par vos choix de gestion municipale. Une gestion que j’ai déjà à plusieurs reprises qualifiée de gestion à l’emporte-pièce. L’ordre du jour de ce Conseil Municipal en donne d’ailleurs une illustration puisqu’on voit une multiplication des études, des priorités données à certains dossiers sans que l’on saisisse bien toute la cohérence, alors même que des dossiers préparés et lancés précédemment sont en sommeil (Pôle gare par exemple).

Je voudrais m’arrêter un moment sur cette question des priorités. Vous vous répandez en déclaration pour annoncer ce Conseil Municipal comme « le plus important du mandat » avec notamment le « projet de rénovation urbaine durable des Quartier Nord, Avaricum et Aéroport ». Ces annonces (parce qu’aujourd’hui on parle essentiellement d’études) provoquent trois réflexions.
-  D’abord après huit ans de gestion, vous portez une très lourde responsabilité dans la situation de ces quartiers (je pense notamment à l’Aéroport et aux Quartiers Nord) par le sentiment d’abandon que vous y avez installé et par la politique (notamment de loyer) que vous y avez menée qui a provoqué la fuite de nombre d’habitants.
-  Ensuite, la question des priorités. Visiblement, vous avez fait d’Avaricum votre priorité (avec tous les risques en terme de travaux, en terme social, en terme commercial et financier). Ce n’est pas la nôtre. L’urgence pour notre ville est dans les quartiers les plus populaires : quartiers Nord et Aéroport.
-  Enfin, la question des moyens financiers. Vous vous appuyez sur le plan Borloo de rénovation urbaine annoncé récemment. Vous me permettrez d’émettre quelques doutes sur les moyens financiers réels qui accompagneront ces annonces quand on sait la situation du budget de l’Etat, quand on sait que le Ministre lui-même a décrit ces éventuels crédits comme des leviers devant permettre l’engagement d’autres fonds provenant essentiellement des collectivités locales. Sachant le coût prévisionnel de la seule opération Avaricum, vous comprendrez que nous ayons des doutes sur l’engagement dans des délais raisonnables des opérations dans les quartiers Nord ou à l’Aéroport.

Pour conclure cette première intervention, je veux tout de même dire un mot sur le compte administratif et sur la situation financière de la ville. Vos déclarations récentes confirment ce que nous avions pu dire sur l’extrême difficulté financière dans laquelle se trouvait la ville. Vous affirmez aujourd’hui avoir retrouvé des marges de manœuvre. Je ferai à ce propos quelques remarques :

-  La mise en place de l’agglomération vous donne quelques bouffées d’oxygène comme par exemple les excédents cumulés des budgets annexes de l’eau et de l’assainissement (près de 4 Millions d’€uros) qui en bonne logique devraient retourner directement aux Berruyers par une baisse du prix de l’eau (ou toute autre baisse fiscale) puisque c’est eux qui ont bâti ces excédents. Autre exemple, le Million d’€uros de retour pour mise à disposition de personnel.
-  Deuxième remarque : ce que vous avez appelé le rétablissement des finances de la ville est aussi dû à un budget 2002 dont je rappelle les caractéristiques, vous me permettrez de me citer lors du Conseil de décembre 2001 qui votait ce budget 2002 : « Il est tout de même rare de voir un budget qui réduit ses dépenses d’investissement de 18,5%, qui réduit ses dépenses réelles de fonctionnement de 1,2% et en même temps augmente les impôts de 5% ... En fait, ce budget 2002, c’est plus d’impôts, moins d’investissements et moins de services publics, de services rendus aux Berruyers. » Tout cela est vérifié et d’autant plus vrai que le Compte Administratif laisse apparaître 800000 €uros d’économies supplémentaires sur le personnel (départs non remplacés). Vous pouvez dire : c’est de la bonne gestion. Pour ma part, je dirai simplement que ce fonctionnement étranglé qui s’exprime par moins de subventions, moins de moyens pour les services municipaux a des conséquences sur le service rendu à nos concitoyens. Quelques exemples : le personnel ATSEM dans les écoles qui diminue et est de moins en moins remplacé, l’équipement de ces mêmes écoles, l’état lamentable (indigne de notre ville) des salles publiques municipales (Asnières, Chancellerie, Gibjoncs). En fait, vous appliquez à plein les recommandations ultralibérales de l’OCDE : « Si on diminue les dépenses publiques de fonctionnement, il faut veiller à ne pas diminuer la quantité du service rendu quitte à ce que la qualité baisse. »
-  Troisième et dernière remarque : un mot sur la dette. Malgré des taux qui restent favorables, la situation est toujours particulièrement délicate. C’est ainsi que le Compte Administratif 2002 montre que l’excédent (tout compris) de 10,8 Millions d’€uros ne couvre pas l’emprunt réalisé (hors ligne de trésorerie) de 14 Millions d’€uros.

En conclusion, je serai poins optimiste que vous. En fait, les marges de manœuvre n’existent pas. L’endettement reste à son plus haut niveau, la pression fiscale est à son plafond déjà insupportable pour nombre de Berruyers, la situation économique et démographique est tout à fait préoccupante et laisse planer de grands doutes sur l’avenir du développement de Bourges.

Jean-Michel Guérineau

 
Conseiller municipal de Bourges, Vice-président de la Région Centre Secrétaire de la section de Bourges du PCF